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L’Intelligence Sociale, savoir-faire ou art de vivre ? Décider quelle attitude adopter en fonction d’un contexte est une compétence sociale que nous pouvons tous apprendre à développer. Par leur sens du lien social, les chevaux nous forment à l’équilibre relationnel.

Une compétence sociale que nous pouvons tous apprendre à développer. Toutefois, à force de vouloir la développer, ne nous coupons-nous pas d’une certaine spontanéité ?

En 20 ans environ, l’Intelligence Emotionnelle, longtemps oubliée autant que dénigrée, s’impose au centre de beaucoup de débats. Une fois bien développée, elle serait même la solution à de nombreux maux. Je donne moi aussi une place conséquente aux émotions dans tout ce travail que je mène avec les chevaux. Pourtant, de plus en plus souvent, je me trouve d’accord avec ceux qui soulignent les limites d’un concept devenu trop intellectuel.

Avant d’être au coeur de tout, les émotions sont au coeur de nous. Elles sont vitales, au même titre que notre respiration. Réfléchissons-nous pour respirer ? Non (normalement) ! Pas plus que pour vivre nos émotions (normalement).

C’est à l’étape suivante qu’il est, a priori, question de réflexion. Au moment où l’énergie cognitive étudie et juge les ressentis du flux émotionnel pour lancer un processus d’action. A cet autre moment-là, l’intelligence sociale vient enrichir nos relations pour les rendre harmonieuses et constructives. C’est simple finalement. Alors, pourquoi ce processus naturel, qui s’active très spontanément chez les animaux, nous pose-t-il tant de problèmes ? Est-ce une question d’intelligence ?

Au fil de ces années au contact des chevaux, dans mon laboratoire d’observation des animaux sociaux que nous sommes, j’ai posé plusieurs hypothèses :

• nous ne savons pas utiliser notre flux émotionnel qui, de fait, distord notre dynamique relationnelle
• l’accumulation de ce flux physiologique non utilisé nous asphyxie
• notre indispensable besoin de tout comprendre inhibe notre spontanéité, voire notre authenticité
• canaliser, cataloguer, cogiter émotions et comportements rigidifie la communication, même bienveillante

 

L’Intelligence Sociale, une subtile alchimie

Pendant mon séjour initiatique aux Etats-Unis, au contact des gens de chevaux et des chevaux, j’ai confirmé ma vieille conviction qu’en étant réellement alerte (autrement dit conscient, éveillé) sur nos modes de fonctionnement, nous faisons évoluer instantanément notre monde. Et quand j’ai découvert comment les chevaux contribuent à notre éveil, forcément, j’ai vu les ailes du Papillon battre sur le Monde.

L’intelligence est avant tout cette capacité à assembler des composantes pour aboutir à un résultat. C’est ce que les chevaux nous enseignent du point de vue relationnel, en nous guidant dans cette autre perception du tissu social.

Avec eux, nous apprenons comment :

• Capter précisément le contexte relationnel pour nous y fondre plus facilement
• Cerner les mécaniques relationnelles autour desquelles se tisse le lien social

 

Ensuite, pour dépasser cette observation cartésienne de l’environnement qui ne suffit pas à créer l’élan de la relation, l’entraînement pour développer la compétence relationnelle vise à :

• Mieux utiliser notre ressource émotionnelle pour être disponible à l’Autre
• Activer objectivement et sans affect un comportement

 

Après un tel apprentissage, de surcroît expérientiel, il devient plus simple de composer avec n’importe qui, quelles que soient les affinités. C’est une forme d’intelligence. Pourtant, à ce stade, il se pourrait que ce brin de quelque chose qui rend la situation relationnelle vraiment confortable et l’échange fluide fasse défaut.

 

Travailler l’aisance et stabiliser la confiance en soi

En poursuivant l’observation des rouages de la communication relationnelle et de l’intelligence sociale, il m’a semblé qu’effectivement, si nous ne suivons pas les chevaux jusqu’au bout du chemin, il nous manque l’ingrédient clef d’une intelligence sociale bien stimulée et authentiquement opérationnelle : l’aisance et son ombre, la confiance en soi. Sans elles, la communication même parfaitement maîtrisée s’alourdit, peut se durcir, voire dysfonctionner.

A son tour savant mélange entre émotions et comportements, la confiance en soi (trop comme trop peu) influence le lien social, d’une façon difficilement perceptible mais d’une façon vite déstabilisante pour tout le monde.

Vous souvenez-vous de cette discussion qui a réveillé un léger agacement, une forme d’inconfort inqualifiable alors qu’en apparence tout semblait lisse ? Vous vous êtes même demandé si «c’était vous ». Peut-être, mais c’était surtout une expression de cette dernière composante de l’intelligence sociale : notre rapport authentique à la confiance en soi.

Les chevaux ne s’y trompent pas et en deviennent de très bons Maîtres. Les effets du trop ou trop peu de confiance peuvent être canalisés et camouflés, mais ils fripent toujours le lien relationnel, avec plus ou moins d’intensité.

Pour nous éviter une intelligence au service de la manipulation (mon besoin) et nous ouvrir à une intelligence au service de la communion (l’action commune), les chevaux nous montrent comment stabiliser notre confiance en soi pour libérer une Intelligence Sociale vive dont les piliers sont tact, fluidité et spontanéité.

 

Alors ? L’Intelligence Sociale un savoir-faire ou un art de vivre ? Les deux et toujours les deux : être conscient de ses stratégies comportementales et vivre pleinement son émotionnel.

Avec l’Equithologie, guidé par l’enseignement des chevaux, nous apprenons le langage des émotions, le décodage des dynamiques relationnelles, l’ajustement des postures comportementales pour danser la relation.

 

L’Intelligence Sociale sera-t-elle un maillon du Monde d’Après ?